Jacques-François Blondel (1708/9-1774), le dernier défenseur de l'architecture à la française, a joué un rôle majeur dans la formation de nombreux architectes éminents de la seconde moitié du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. Il a enseigné à la fois dans son école privée et à l'Académie royale d'architecture de Paris, comptant parmi ses élèves des figures notables telles que Claude-Nicolas Ledoux, Étienne-Louis Boullée, Alexandre Brongniart et William Chambers.
Sa méthode d'enseignement novatrice dans le domaine de l'architecture a eu un impact considérable en France, en Europe et même au-delà de l'Atlantique, notamment au Québec. Bien que certains architectes aient suivi ses enseignements à la lettre, d'autres ont osé s'en émanciper, allant au-delà des leçons de leur maître.
Dans le cadre du livre Jacques-François Blondel, la dernière leçon de l'architecture à la française, des spécialistes des Lumières, tels que des historiens de l'art, des théoriciens de l'architecture et des archivistes conservateurs du patrimoine, ont entrepris de revisiter les idées et les méthodes pédagogiques promulguées par Jacques-François Blondel. Ils proposent également une nouvelle perspective pour réexaminer les principes fondamentaux de son enseignement.
« Jacques-François Blondel est un intellectuel : un intellectuel des Lumières. Jamais aucun autre architecte, aussi bien en Italie qu’en France, n’avait occupé auparavant une place si éminente dans la République des Lettres depuis Alberti. »
« L’ambition première de Blondel consiste à élever l’architecture de son temps à la hauteur de l’architecture antique. Voilà ce qu’on peut appeler architecture “à la française” : non pas un style, mais une ambition et un programme. […] Cette dernière leçon ne ressemble en rien à un chant du cygne de l’architecture “à la française”, mais bien plutôt à un renouveau appelé à un grand avenir : il annonce le néo-classicisme (ou goût “à la grecque”), et prépare l’École des Beaux-Arts de Paris qui imposera petit à petit son hégémonie au siècle suivant. »
Une figure mystérieuse
Figure incontournable du Siècle des Lumières, Jacques-François Blondel laisse derrière lui une œuvre écrite considérable sur l’architecture de son temps. Il est aussi célèbre pour ses écrits et son enseignement qui servirent dans la formation des élèves architectes à l’École des beaux-arts pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle. Mais il ne nous a laissé presque aucune indication sur lui-même. Pourquoi la vie, mais surtout l’œuvre de cette figure si importante de l’architecture du règne de Louis XV, a-t-elle toujours présenté une part d’ombre et de mystère ?
Une nouvelle approche de l’œuvre de Blondel
Aurélien Davrius mène depuis plusieurs années des recherches sur Jacques-François Blondel ; il lui a notamment consacré sa thèse de doctorat, étudié et publié les discours, mémoires et articles. Cet ouvrage, qui fait suite à une exposition et surtout un colloque consacré à Jacques-François Blondel et à l’enseignement de l’architecture, tenu à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris en décembre 2017, contribue à faire connaître et reconnaître Blondel, son œuvre, mais aussi l’homme en son siècle.
Résultat de la rencontre de spécialistes des Lumières – historiens de l’art, théoriciens de l’architecture et archivistes conservateurs du patrimoine – avec Jacques-François Blondel, cet ouvrage collectif offre un regard neuf et élargi sur son œuvre car, en s’éloignant quelque peu de l’architecte, ou plutôt en s’en approchant par d’autres biais, il cerne un peu plus finement cette personnalité à la fois discrète et complexe, et tente de réévaluer son rôle dans la politique royale sous le règne de Louis XV.
Pour approfondir :
Dans la collection architecture éditée par les éditions Mardaga, les ouvrages suivants pourront également vous intéresser :
À propos de l'auteur :
L’ouvrage est établi sous la direction d’Aurélien Davrius. Maître de conférences à l’ENSA Paris-Malaquais, Aurélien Davrius s’intéresse à l’histoire de l’architecture à l’époque moderne. Il a notamment travaillé sur l’architecte des Lumières Jacques-François Blondel (publication de sa thèse en 2018), étudié la question de l’enseignement de l’architecture aux XVIIIe et XIXe siècles ainsi que les relations entre architecture et politique.
